Constituer un groupe

Quelques éléments pour la construction d’un groupe anarchiste.


a) les éléments “ techniques ” :

La “ technique ” est aussi de l’idéologie : structuration hiérarchique ou non, fonctions autocratiques ou mandatement avec contrôle et compte rendu.

Un groupe, c’est une réunion d’individus, la réunion est donc le moment, le lieu où se construit le groupe.


La réunion : lieu d’échange, de compte rendu des mandaté.e.s et donc de contrôle par les autres membres. Il faut à la fois toujours sanctionner au moins d’un mot un mandat non réalisé et comprendre, prendre en compte, la faiblesse de chaque mandaté.e (à condition que celui ou celle-ci soit en capacité de le reconnaître). Les mandataires ont souvent l’art de donner des mandats lourds à réaliser et qui ne sont donc souvent réalisés qu’en partie.

La réunion est aussi le lieu d’élaboration de la politique, de l’orientation du groupe, au travers des échanges et confrontations de points de vue. Après des échanges suffisants, il est souhaitable de parvenir à une synthèse des positions de chacun.e. Lorsqu’en dernier recours après débats suffisants une synthèse ne peut aboutir, il peut être possible d’avoir recours au vote, mais il est préférable dans tout groupe de taille humaine (moins de 20 personnes) de rechercher un consensus unanime, au risque de mettre en péril la cohérence du groupe donc sa survie. Le groupe pourra élaborer des principes de base ou une charte de fonctionnement rappelant son adhésion aux principes anarchistes et traduisant localement les problèmes qu’il souhaite aborder, ainsi que ses revendications.


Les mandaté.e.s peuvent l’être pour un temps donné ou une mission précise, ils/elles rendent compte de leur mandat à l’occasion des réunions appropriées.

Il est souhaitable d’avoir un.e secrétaire qui conservera les écrits du groupe, les notes des réunions, et les comptes rendus des décisions. Il/elle pourra proposer pour chaque réunion un.e secrétaire de séance qui prendra les notes des échanges et surtout marquera les décisions prises (et comment si possible : unanimité, synthèse, abstentions, oppositions, accords). Le/la secrétaire gérera l’annuaire des contacts avec : • Les membres du groupe et le moyen de les joindre rapidement (si risque de répression utiliser des codes). • Les sympathisant.e.s. • Les partenaires politiques et sociaux locaux et plus larges • Les médias pour envoyer des communiqués (il sera souhaitable avec le temps de chercher des liens personnalisés avec quelques journalistes, tout en sachant que sauf cas connus, les journalistes ne sont pas des militant.e.s et leur objectif est d’avoir des événements à rapporter, mais leur objectif peut parfois nous être utile pour nous faire connaître).


Le/la secrétaire archivera la circulaire envoyée tous les mois (sauf août en général) et le Bulletin Intérieur (BI).

Il/elle aura aussi à suivre le courrier adressé au groupe en suivant la réponse.

Pour toutes ces tâches, il/elle pourra se faire aider soit d’adjoint.e.s, soit au cas par cas.

Si le groupe adhère à la Fédération Anarchiste, il le fait par l’adhésion morale aux Principes de Base et en versant régulièrement à la Trésorerie Fédérale les cotisations fédérales selon le barème établi.


Un.e trésorier.e sera donc fort utile pour gérer les finances, mêmes maigres, du groupe. Il/elle percevra les cotisations, mêmes faibles et versera la part qui revient à la Fédération. Pour cela, il/elle fera des propositions de montant ou de barème des cotisations en fonction des ressources de chacun.e et soumettra ces propositions à l’approbation et au débat du groupe. Il/elle ouvrira le cas échéant un compte pour le groupe, il faudra peut-être pour cela créer une association en fonction de la législation en vigueur. Par habitude et méfiance de la répression la Fédération Anarchiste et ses groupes n’ont pas d’existence légale à ce jour, nous créons donc des associations ou coopératives pour gérer nos “ œuvres ” (journal, librairie, locaux, radios) etc.

Le/la trésorier.e tiendra donc les comptes, récoltera régulièrement les cotisations (régularité à décider aussi, souvent c’est au mois). Il/elle devra faire des prévisions, des budgets en fonction des besoins avancés par le groupe (lieu de réunion à louer, lieu pour organiser une réunion publique, commandes d’affiches ou d’autocollants, etc....) Il/elle devra trouver des sources de recettes supplémentaires (collectes lors de débats, vente du journal fédéral Le Monde Libertaire ou d’une feuille locale éditée par le groupe, organisation de repas ou fête de soutien ou bien apéritifs, etc....).

Vous pourrez trouver d’autres mandats avec le temps. Si vous décidez d’éditer une feuille d’informations, il sera peut-être utile de mandater quelqu’un pour coordonner sa réalisation, etc.


b) le projet :

Il vous faudra au début, vous constituer une personnalité qui vous fera vous reconnaître ou distinguer des autres, celle-ci pourra évoluer avec votre expérience. Il vous faudra, par exemple, essayer d’implanter votre groupe dans la réalité du lieu où vous allez décider de militer. Vous devrez rechercher à illustrer le discours anarchiste au travers de ce que subissent les exploité.e.s, les dépossédé.e.s du lieu où vous vivez. Vous devrez voir, là où vous êtes, si vous militez déjà, syndicalement ou associativement comment introduire les idées et surtout pratiques anarchistes et, si vous ne militez pas déjà, comment vous allez pouvoir le faire.

Commencez à confronter vos idées entre vous, puis proposez la discussion à vos proches. L’idéal serait d’arriver à élaborer une analyse politique et sociale de la région où vous habitez et de faire des propositions anarchistes pour que chacun puisse enfin prendre son sort en main. Suivre en particulier les travaux de la Fédération Anarchiste sur le communalisme libertaire, la décroissance, etc. Le minimum que nous devons faire avant ou en attendant de faire ces propositions, c’est d’être présent avec des partenaires politiques, syndicaux ou associatifs, lorsque se mènent des luttes contre l’injustice, pour le respect de la liberté et contre les inégalités.


c) la propagande - l’action :

La propagande, c’est le moyen de diffuser nos idées : par la vente d’écrits (journaux, brochures, etc.) par l’affichages (affiches, autocollants, ...), par l’organisation de débats ou projection de films, ... L’action, c’est bien souvent la manifestation. L’objectif est, quand on est peu nombreux, de se montrer en public, pour dire que l’on existe et que l’on soutient des revendications, on y invite aussi des gens à nous rejoindre car la manifestation est aussi un lieu de discussion et d’échanges. De plus, la rue est un lieu non hiérarchique, on est toutes et tous au “ ras du pavé ” et c’est un lieu neutre. Il n’est pas nécessaire d’aller chez quelqu’un pour nous rencontrer, il n’y a ni tribune, ni tribun.

En augmentant notre nombre et nos contacts, en apparaissant comme une réponse politique aux problèmes de nos concitoyens, nous pouvons d’abord faire pression pour changer les éléments les plus insoutenables de la société actuelle. Progressivement, au travers de nos avancées, nous pouvons changer la société, aussi minimes soient ces changements.

Au travers de nos méthodes de luttes, de nos participations aux actions collectives, en faisant respecter la notion de mandatement, le refus des manipulations politiciennes, nous mettons en avant les éléments indispensables à la construction d’une société libertaire. En multipliant les structures collectives qui fonctionnent plus ou moins selon nos méthodes, nos principes libertaires, anti-hiérarchiques, même si ces structures collectives ne se revendiquent pas anarchistes, nous mettons en place les structures qui permettrons de mener une gestion libertaire de la commune pour remplacer les structures bureaucratiques du pouvoir.

Pourquoi des clubs de football ou des associations de défense de l’environnement ne fonctionneraient pas de façons libertaires avec des représentant.e.s mandaté.e.s, des mandats débattus collectivement, les mandaté.e.s contrôlé.e.s et révocables ? Pourquoi l’ensemble de ces associations ne pourraient-elles pas se fédérer, d’abord au niveau de la commune, puis plus largement ?


d) divers : identité et éthique :

Ah, j’oubliais le groupe doit se donner une identité, un nom, une désignation. A la Fédération anarchiste, l’habitude est de prendre pour nom du groupe le nom d’un.e militant.e anarchiste apprécié-e pour ses idées, ses écrits ou son action militante. Mais comme avec beaucoup d’habitude à la Fédération, certains groupes se choisissent d’autres dénominations. Tel groupe s’appelle par exemple groupe Proudhon, mais il existe aussi le groupe La vache folle.

Bien sûr, nos principes doivent s’appliquer entre nous à l’intérieur du groupe, pour rappeler que l’anarchisme c’est aussi des principes éthiques, nous n’oublierons pas de pratiquer entraide et solidarité entre les membres du groupe.

Voilà, c’est un peu long et pourtant incomplet, peut-être pas assez pratique. N’hésitez pas à demander des explications complémentaires en espérant que vous aurez envie de constituer votre groupe au sein de la fédération anarchiste, si c’est possible, ou bien de créer une autre structure.

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